25 Juin
Deux nouveaux cas de tremblante atypique ont été confirmés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), ce qui porte le total de cas positifs au Canada à trois à ce jour.
La tremblante atypique est une forme nouvellement reconnue d’encéphalopathie spongiforme subaiguë transmissible (ESST) qui est différente de la tremblante « classique ». Elle touche en effet une partie différente du cerveau et produit d’autres réactions à certains tests biochimiques en laboratoire. La plupart des cas sont décelés chez des moutons beaucoup plus âgés, parfois apparemment en santé, dont le génotype est associé à une résistance accrue à la tremblante classique. Il faudra passablement plus de travaux de recherche car les connaissances actuelles sur cette maladie sont limitées.
Le comité consultatif sur l’encéphalopathie spongiforme du Royaume-Uni (SEAC) a conclu que la tremblante atypique peut être distinguée de la tremblante classique. En fait, le SEAC United Kingdom Spongiform Encephalopathy Advisory Committee (SEAC) affirme qu’il serait plus juste de considérer la tremblante atypique comme une ESST distincte chez les petits ruminants, et non comme une variation de la tremblante classique. L’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE) est d’accord. Dans le dernier chapitre de l’OIE sur la tremblante, on peut lire que la tremblante atypique n’est pas liée à la tremblante « classique » du point de vue clinique, pathologique, biochimique et épidémiologique, n’est peut-être pas contagieuse et constitue peut-être un état dégénératif spontané chez les moutons âgés.
L’un des premiers cas de tremblante atypique a été signalé en Norvège en 1998. Les moutons touchés montrent une perte de coordination musculaire en l’absence de démangeaison et de grattement (symptôme fréquent de la tremblante classique en Europe).
Trois cas de tremblante atypique diagnostiqués en Grande-Bretagne ont permis d’obtenir plus d’information sur cette maladie. Les moutons touchés provenaient d’un troupeau de recherche appartement au ministère britannique de l’environnement, des aliments et des affaires rurales (DEFRA). Formé de moutons (et de leur descendants) provenant de Nouvelle-Zélande – pays sans tremblante – et évoluant dans des conditions de biosécurité strictes, ce troupeau était considéré très peu à risque quant à la tremblante.
L’examen post-mortem des trous moutons du troupeau de recherche britannique (en 2006 et 2007) a permis de prouver la présence de tremblante atypique. Dans un rapport de recherche sur ces trois cas, publié dans le BMC Veterinary Research Journal en février 2009, on avance qu’il est probable que la tremblante atypique se soit manifestée spontanément chez les trois sujets et qu’elle ne provienne pas d’une source externe. Ce rapport formule aussi l’hypothèse selon laquelle la tremblante atypique risque de survenir dans les troupeaux à l’échelle internationale, particulièrement chez les moutons âgés de génotype propice à la maladie. Les trois moutons dont il est question étaient tous âgés de six ans. À ce jour, il n’y a pas de preuve de la présence de tremblante atypique en Nouvelle-Zélande, qui conserve donc son statut de pays sans tremblante.
Au cours de la dernière décennie, des cas similaires de tremblante atypique ont été décelés en petit nombre, et ce, dans de nombreuses autres régions, notamment la plupart des pays de l’Union européenne. Le Portugal a cependant connu un nombre anormalement élevé de cas de tremblante atypique depuis 2005. Par ailleurs, au cours des deux ou trois dernières années, les États-Unis ont décelé six cas de tremblante atypique.
Le niveau de surveillance en Amérique du Nord semble être suffisant pour déceler la présence de tremblante atypique. Le test actuellement utilisé par l’ACIA pour la surveillance est reconnu par l’OIE pour sa capacité de détecter toutes les souches de tremblante, ainsi que les autres ESST. Par ailleurs, le Canada s’attend à détecter des cas sporadiques de tremblante atypique. Lorsque cela se produira, on procédera à d’autres tests de caractérisation de la souche de tremblante et du génotype du mouton touché, afin d’en apprendre le plus possible.
Étant donné que la communauté internationale s’entend généralement pour affirmer que la tremblante atypique n’est probablement pas contagieuse et qu’elle atteint souvent un seul animal dans un troupeau, l’ACIA ne réagira pas aux cas de tremblante atypique de la même manière que dans le cas de la tremblante classique. Les troupeaux de moutons canadiens où un cas de tremblante atypique sera décelé seront examinés pour vérifier la présence simultanée de tremblante classique. En l’absence de tremblante classique, il est très peu probable que l’ACIA prenne des mesures supplémentaires liées à la détection de cas de tremblante atypique.
Pour ce qui est de la santé de l’homme, rien ne permet de croire que la tremblante atypique constitue un risque. À ce jour, les scientifiques n’ont trouvé aucune preuve que la tremblante atypique pourrait être transmise à l’homme, ou qu’elle constitue un danger de quelque manière que ce soit.
Finalement, la confirmation de cas de tremblante atypique ne semble pas avoir eu de conséquences sur le commerce international et les exigences qui s’y rattachent. La première fois qu’un cas sera décelé dans un pays sans tremblante (p. ex. la Nouvelle-Zélande ou l’Australie), il n’en sera peut-être pas de même, mais cela ne s’est pas produit à ce jour.