Les chercheurs ont constaté que la constitution génétique pouvait grandement influencer la sensibilité des moutons à la tremblante. Pour l’instant, ils n’ont pu trouver de corrélation entre un génotype donné et la sensibilité à la maladie chez les chèvres. Les résultats expérimentaux actuels révèlent qu’il existe diverses formes de protéines prions chez le mouton. Certaines sont hautement sensibles à la transformation structurelle vers la forme anormale à l’origine de la tremblante, alors que d’autres résistent à ce changement. Comme chez tous les mammifères, les moutons sont des organismes diploïdes, de sorte que toutes les cellules contiennent deux copies de chaque chromosome et, de ce fait, deux copies du gène codant la protéine prion. Ces gènes sont composés de codons. Un codon consiste en un bout d’ADN qui détermine quel acide aminé particulier se situera à un site précis de la protéine (dans ce cas-ci la protéine prion). La protéine prion compte 256 acides aminés dont 256 codons déterminent ces acides aminés. Dans la littérature portant sur la sensibilité à diverses souches de la tremblante, on mentionne trois codons, soit 171, 154 et 136. En Amérique du Nord, les codons 171 et 136 revêtent une importance particulière. La présence de l’arginine (R) au codon 171 de la protéine prion lui confère une résistance à subir le changement structurel associé à la forme nord-américaine de la tremblante. La présence de la glutamine (Q) ou de l’histidine au codon 171 par contre, rend la protéine prion sensible au changement structurel associé à la forme nord-américaine de la tremblante. L’histidine au site 171 est considérée comme conférant la même sensibilité que la glutamine (Q) et est, par conséquent, représentée comme étant Q pour toute discussion ultérieure. Le codage de l’alanine (A) par le codon 136 accorde la résistance à la protéine prion au changement structurel associé à la tremblante. Le codage de la valine (V) par le codon 136 confère par contre une vulnérabilité à la transformation structurelle. La valine (V) au site 136 est liée à Q au site 171, de sorte que l’on ne peut trouver R au site 171 en combinaison avec V au site 136.
La majorité des cas de tremblante observés dans le monde l’ont été chez des moutons homozygotes pour la glutamine (QQ) au site 171. On dénombre toutefois un petit nombre de cas de tremblante chez des moutons QR (171). Dans ces derniers cas, les acides aminés codés par le codon 136 sont examinés, et le codage de la valine semble indiquer une plus grande sensibilité parmi les populations QR. Il existe actuellement deux théories sur l’apparition de la maladie dans les populations QR (171). Selon l’une d’elles, les moutons seraient sensibles à certaines souches seulement de la tremblante. D’après l’autre, quand la prévalence de la maladie au sein d’une population QQ (171) atteint un niveau très élevé, la maladie déborde dans les prochaines sous-populations moins sensibles au sein du troupeau. En 2003, un très petit nombre de cas de tremblante ont été signalés chez les moutons RR (171) en Europe. Le profil génétique des prions chez les moutons varie d’une race à l’autre, d’un pays à l’autre et d’un troupeau à l’autre.
Probabilité qu’un mouton d’un génotype donné soit sensible à la tremblante :
Génotype (136, 171) | Sensibilité à la tremblante |
AARR | Négligeable |
AAQR | Très faible |
AVQR | Intermédiaire |
AAQQ | |
AVQQ | |
VVQQ | Élevée |
On ne peut pas encore affirmer avec certitude si les animaux possédant un génotype moins sensible ne contractent pas l’infection ou s’ils sont simplement protégés de sorte qu’ils ne manifestent pas les signes cliniques de la tremblante.
Selon les dernières percées scientifiques, le génotype du fœtus influe sur la migration et l’accumulation de la protéine prion anormale dans le placenta des brebis infectées. Chez une brebis QQ (171) infectée porteuse d’un fœtus QQ (171), on observera l’accumulation d’une grande quantité de la protéine prion anormale qui se propagera au moment de l’agnelage ou de l’avortement. En théorie, chez un fœtus de génotype QR (171) ou RR (171), la protéine prion anormale ne s’accumule pas de manière significative dans le placenta et les liquides associés. Cela signifie que l’emploi d’un bélier RR (171) peut prévenir la propagation d’une protéine prion anormale au moment de l’agnelage, même si les brebis sont infectées. En encourageant fortement l’utilisation de béliers RR (171) partout au Canada, on pourrait réduire au minimum la propagation de la tremblante, mais cela pourrait entraîner une évolution majeure du germoplasme ovin au Canada. Il pourrait y avoir des répercussions sur les caractéristiques secondaires, comme la qualité de la carcasse, ou le dépistage de problèmes congénitaux non perçus auparavant. Tout comme dans les autres pays, l’enquête démographique préliminaire du cheptel ovin du Canada a clairement démontré qu’il existe une importante variation génétique sur le plan de la résistance à la tremblante entre les races et les troupeaux. Il peut s’avérer impossible ou peu commode pour certains éleveurs de moutons de sélectionner et d’élever des races qui présentent une résistance à la tremblante.